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    Les réponses que nous sommes capables d'apporter aux problèmes dépendent d'une technologie de plus en plus sophistiquée qui ne peut exister ou avoir d'application concrète qu'au travers de la collaboration de millions de personnes à cause de l'existence du très grand nombre des divers maillons de la chaîne de production, contrôles technologiques et recherches nécessaires. Le facteur clé de cette collaboration est le niveau de connaissance requis ainsi que la capacité à échanger efficacement les informations. A cela il faut ajouter que vu l'ampleur et la complexité du moindre projet ainsi que les interactions possibles avec l'environnement sous toutes ses formes, les méthodes d'analyse et de gestion doivent passer du stade d'analyse d'un élément vers une analyse globale prenant également en compte les effets à moyens et long termes sur l'ensemble.

    Le niveau de connaissance nécessaire ne peut être acquis que par une formation de qualité permettant de faire le lien entre la théorie et la pratique. Cela demande une refonte des systèmes de formation existants notamment par la création d'une relation continuelle entre théorie et expérience pratique, entre théorie et applications ainsi que par l'extension de la formation continue. Les diplômes doivent cesser d'être essentiellement des moyens de diviser la société en de multiples couches sociales. La formation devra être plus horizontale et centrée sur l'économie réelle au sens des biens et services utiles, sur la prise de conscience de la primauté de la matière sur le ressenti, du temps sur l'instant, de l'importance de l'évolution historique naturelle et humaine.

    La capacité de collaboration dépend de la capacité des individus à dialoguer entre eux. Les relations entre individus peuvent être plus ou moins fortement parasitées par des angoisses cachées dans l'inconscient ou la primauté des émotions sur la raison. Ces facteurs qui représentent le «ressenti» peuvent aussi perturber gravement la capacité d'acquisition des connaissances et l'aptitude à les utiliser en pratique. Une société capable non seulement de réduire la création d'angoisses refoulées dans l'inconscient mais aussi de faire prendre conscience de l'origine des pulsions ressenties, libérera l'énergie créative des individus, améliorera de façon dramatique la collaboration entre eux. Au lieu que plus de 80% de l'énergie de chacun soit perdue en problèmes relationnels ou dans la compétition entre ses membres, cette société permettra une forte réduction des ressources nécessaires tant sur le plan du travail que de l'emploi des ressources naturelles, matérielles ou des pertes diverses tout en favorisant l'apparition de technologies nouvelles.
    Une telle approche est incompatible avec un système économique dont le but est d'extraire de l'économie réelle le maximum de ressources pour les mettre à disposition des membres de la collectivité qui ne produisent rien (les détenteurs des capitaux, du pouvoir politique ou, dans certains cas, militaire).
    Toutefois, même dans le cas où le système serait théoriquement construit de façon à privilégier l'économie réelle, le maintien de l'argent comme moyen pour accéder aux biens et services aura toujours comme conséquence la recherche par les individus de moyens plus rapides pour se procurer cette monnaie. La création de moyens d'échange, de payement, directement liés à l'effort productif est un «must». Comment alors résoudre le problème de «l'effort» lié à la reproduction des générations ? En réalité, ce problème dépasse le cadre de la relation entre production et consommation. Les relations hommes-femmes, parents-enfants, adultes-enfants sont directement à la base de la création des angoisses refoulées dans l'inconscient, du ressenti des individus et du problème de l'éducation des enfants. La création d'une organisation sociale qui renforce le niveau de conscience de chacun tant sur le plan de la dépendance envers le système productif qu'envers les acquis du passé ou la transmission de ces acquis aux générations futures est intimement liée à la mise en place de relations hommes-femmes détendues, libérées des nombreuses angoisses qui les parasitent. Pour cela il faut absolument cesser de séparer les êtres de leur biologie. Un homme n'est pas une femme. Il ne s'agit pas de notion d'égalité, d'infériorité ou de supériorité, il s'agit de différences fondamentales. Cela signifie aussi que le problème de la relation entre consommation et production des femmes doit être considéré sous cet angle. Le conflit potentiel entre désir de consommation des femmes et nécessité de la restriction de la consommation en faveur de l'investissement à moyens et longs termes dans l'économie réelle doit être abordé et résolu.

    Évidemment, une organisation sociale composée d'individus conscients des diverses forces qui régissent aussi bien le monde intérieur que le système économique et social ne tolérerait pas longtemps l'existence de couches sociales dont le pouvoir et le niveau de consommation reposent sur l'exploitation de la majorité de la population. Cela signifie que le système occidental actuel n'est pas compatible avec ce type de société.

    Les caractéristiques proposées ne sont pas le résultat d'une approche morale. Il s'agit de bien comprendre qu'une société de ce type atteindra rapidement un tel niveau de développement que la société occidentale sera purement et simplement balayée.

    Les caractéristiques dont nous venons de parler commenceraient-elles à connaître au moins un début de mise en place dans certaines sociétés ? Eh bien oui. Si toutes ces caractéristiques ne se retrouvent pas encore réunies dans un même système social, elles connaissent un début de mise en place dans certains pays . Où ? Par exemple en Chine, en Iran avec quelques tentatives dans d'autres pays non occidentaux.

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