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"L'Ukrainisation" de l'Europe

Quel a été l'enjeu géopolitique à la base des évènements qui se sont produits en Ukraine ?

L'objectif américain lors des derniers évènements en Ukraine était de séparer ce pays de la Russie, ce qui entre dans le cadre du projet général de morcellement des restes de l'URSS et de la Russie en de plus petits états incapables de résister aux États-Unis. Cela permettrait ainsi aux Américains de contrôler les ressources naturelles de la Sibérie pour tenter d'en priver la Chine, pays qui est en réalité le premier dans la ligne de mire des dirigeants des USA pour la capacité de son économie réelle à littéralement "enterrer" les Etats-Unis.

Parmi les objectifs américains, il y avait aussi la destruction des capacités du complexe militaro-industriel de l'Ukraine (40% de la production de l'URSS en 1990!) pour affaiblir les capacités militaires de la Russie. Lorsque cette destruction se fait par les Ukrainiens eux-mêmes, c'est tout bénéfice ! Les autres enjeux peuvent être considérés comme secondaires dans le jeu géopolitique global.

Quel rapport avec l'Europe ?

Tout d'abord, si le financement a été américain, en pratique, les moyens mis en oeuvre lors du coup d'Etat de Kiev l'ont été essentiellement avec la participation de plusieurs pays européens. Si les conséquences finales apportent un gain géopolitique aux Américains, en est-il de même pour l'Europe ? Les évènements en Ukraine ont créé un problème grave pour les relations entre ce pays et la Russie mais ont également eu de graves conséquences économiques pour l'Europe. Les Etats-Unis ont fait d'une pierre deux coups en séparant l'Ukraine de la Russie mais aussi en coupant les liens entre l'Europe et la Russie.

La crise entre l'Europe et la Grèce vient compléter le tableau. La dette grecque est la conséquence de la corruption des politiciens grecs qui se relayaient au pouvoir depuis des décennies mais aussi le résultat des manoeuvres des grandes banques occidentales pour endetter "à mort" le pays et le forcer ensuite à déléguer sa souveraineté aux grands groupes financiers.

Cette politique est d'ailleurs celle mise en oeuvre dans tous les pays de la communauté européenne, déguisée en politique de l'austérité "nécessaire pour réduire les dettes des pays". Il suffit de constater que les conséquences de cette politique sont un accroissement généralisé de l'endettement par rapport au produit national pour comprendre que le vrai but n'est pas la réduction de la dette. Le véritable objectif est la réduction des dépenses sociales (soins de santé, pensions, éducation) et la réduction des salaires ainsi que la privatisation à bon compte des biens publics. Les idéologues fanatiques qui sont à l'origine de cette politique font la même erreur que les oligarques ukrainiens qui voulaient toujours plus de pouvoir et de profit sans être capables de comprendre qu'ainsi ils n'étaient que des pions dans le jeu géopolitique global des Américains. Le résultat a été l'effondrement de l'économie de l'Ukraine mais également de la fortune de la plupart de ces oligarques. Ceux qui se sont emparés du pouvoir actuellement à Kiev et pensent ainsi maintenir leur richesse, découvriront bientôt à leur tour qu'ils ne sont eux aussi que des pions dans l'échiquier mondial.

Revenons-en à la crise entre l'Europe et la Grèce. Une première conséquence de l'action de la Troïka est l'effondrement total du rêve européen, autant dans le monde qu'au sein des populations européennes. Celles-ci ont l'occasion de découvrir que le projet européen n'est pas destiné à favoriser le développement des peuples mais est au contraire un ensemble de moyens utilisés par les "milliardaires" pour s'emparer du pouvoir et transférer les richesses des 99% vers le 1% des plus riches.
(Plus d'informations : Les dieux de l'enfer, la nouvelle inquisition)

Le comportement des dirigeants européens envers le gouvernement grec a démontré un mépris extraordinaire envers les habitants et même les gouvernements des plus petits pays. Les dégâts politiques sont irréparables. A cela s'ajoute le contraste entre le comportement de la banque centrale européenne qui imprime des dizaines de milliers de milliards pour "sauver les banques" et dans le même temps cherche à écraser la population grecque. Un comble: à la tête de cette politique on retrouve les politiciens allemands dont le pays a été à l'origine de deux guerres mondiales qui ont causé des destructions extraordinaires. L'Allemagne n'a pas payé de véritables compensations pour les guerres dont elle fut à l'origine et en plus a vu ses dettes réduites de 50% au début des années 1950.

Une conséquence politique inévitable de la position allemande : l'éclatement de l'Europe. Les populations européennes sont déjà en train de se détourner du projet européen.
Pour encore ajouter de l'huile sur le feu, le ministre allemand Schauble s'évertue à faire sortir la Grèce de l'Euro.

Tiens, tiens..., faire éclater l'Europe, séparer l'Europe de la Russie ou même "mieux" encore créer une atmosphère de guerre entre l'Europe et la Russie, vous commencez à voir le parallèle entre les évènements en Ukraine et la crise actuelle en Europe ? Cerise sur le gâteau, la sortie de la Grèce de l'Euro va affaiblir la monnaie européenne et mettre fin à la possibilité de l'Euro de concurrencer la devise américaine.

"L'Ukrainisation" de l'Europe a commencé. Lorsque vous saurez que la CIA est en charge de l'étude du profil des employés de la communauté européenne, vous comprendrez aisément que ceux qui détiennent des positions clé ont le "profil souhaité". Quant au ministre allemand Schauble, profondément anti-russe et pro-américain, il n'a pas été nécessaire de le "guider".

Comme les oligarques ukrainiens, les dirigeants européens et les financiers qui soutiennent leur politique ne sont que des pions dans le jeu géopolitique mondial. Ils se sont fait piéger par les Américains. Le résultat de leur politique va être la perte de crédibilité de l'euro et du projet politique européen. La crise économique qui touche la population ukrainienne dans toutes les régions de ce pays, avec une composante militaire à l'Est, est un avant-goût de la crise qui va se développer en Europe et qui d'ailleurs touche déjà une partie croissante des populations des pays du sud du continent européen. Devons-nous nous attendre à une intervention militaire contre les "rebelles" grecs similaire à celle perpétrée dans l'Est de Ukraine ou à une "intervention humanitaire" comme en Libye?

Divisés, affaiblis, les pays européens seront plus faciles à contrôler par les financiers anglo-américains.

CIESINT Publié le 2015-07-12 Nombre de lecture 15153

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