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L'Europe de l'Ouest (partie 2)

Au fil des décennies, n'y-a-t-il pas eu une certaine évolution en Europe ?

Effectivement ! Sous la pression croissante du monde financier, l'argent est devenu le nouveau dieu, l'individualisme s'est accentué. Les relations hommes-femmes se sont encore plus déformées par le concept de "libération des femmes à l'occidentale" qui veut que celles-ci rentrent dans le moule socio-économique prévu pour les hommes. Lorsque j'ai cherché à me documenter sur la question, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que le sujet de la manipulation des femmes avait été sérieusement étudié déjà peu après la première guerre mondiale. Cette manipulation a été considérée comme une voie prometteuse pour maintenir les structures économiques et sociales en place et contrer la révolution russe qui voulait mettre fin à la possibilité pour le monde financier de gagner de l'argent sans travailler grâce au capital détenu. Ce qui est évidemment la situation la plus horrible possible pour les détenteurs de capitaux. Il n'est pas étonnant que ceux-ci cherchent par tous les moyens à empêcher ce genre d'évolution. Le résultat des manipulations des relations entre hommes et femmes est que ces relations, déjà difficiles en Occident suite à la répression sexuelle qui a duré des centaines d'années pour se réduire il n'y a pas si longtemps, sont devenues aujourd'hui encore plus conflictuelles, avec toutes les conséquences que cela entraîne non seulement pour les relations entre les époux au sein des familles mais aussi pour les relations enfants-parents et la priorité accordée à la consommation plutôt qu'au développement de l'économie réelle ou des technologies ou encore la priorité accordée au "ressenti" plutôt qu'à l'analyse. Une des conséquences en est la dislocation du tissu social avec un taux de divorce extrêmement élevé et une consommation fort répandue de calmants, d'antidépresseurs et d'alcool. Une autre conséquence est la chute de la natalité dans les populations de souche européenne, les femmes privilégiant de plus en plus souvent leur carrière plutôt que leur famille. Il ne faut plus s'étonner non plus de la forte croissance de l'homosexualité chez les hommes.

Un autre changement dramatique est le transfert de la priorité qui était accordée auparavant (au moins en apparence) à la production vers la priorité accordée aux services, à la spéculation, à l'industrie financière. C'était, paraît-il, la fin du cycle industriel et le début de l'ère post-industrielle. Plus besoin de produire, les autres pays allaient s'en occuper pour obtenir nos "devises fortes", un beau mythe. Étudier la mise en oeuvre des pétrodollars est instructive...

Quelles conséquences pratiques au niveau des individus? Si, il y a 50 ans, les gens s'intéressaient encore aux machines, aux outils, à un jardin, 20 ans plus tard, non seulement l'intérêt pour la production réelle a disparu mais en plus, les nouvelles générations n'ont pas acquis ne serait-ce qu'une expérience minimale de ce que sont les bases de la production ou les contraintes de la nature. Les individus voient à présent le monde à travers une expérience personnelle qui se résume la plupart du temps aux contraintes des relations sociales et à un apprentissage surtout théorique sur les bancs des écoles et au travers des médias, sans être capables ou sans vouloir analyser l'implication de leurs choix pour l'ensemble de la société ou sans vouloir comprendre le fonctionnement global de celle-ci (Voir "Deuxième monde", chap 9, Les mondes parallèles). L'expérience du monde matériel avec toutes ses contraintes naturelles est très limitée pour l'immense majorité de la population dans la plupart des pays européens.

Je fus très surpris de découvrir qu'il y a une grande différence entre le comportement dans une relation de personne à personne et le comportement au sein d'un groupe. Par exemple, lors d'une période de travail en atelier, suite à la constatation d'un problème récurrent facile à résoudre, j'en parlais à ceux qui m'entouraient pour avoir leur avis. Ils partageaient la même opinion et je proposais alors d'en parler lors d'une réunion prévue avec un responsable. Lors de cette réunion, personne ne prenant la parole, je me décidais à faire part du problème. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque ce responsable demanda aux autres participant s'ils pensaient la même chose, de les entendre dire que « non, tout va bien, pas de problème !». Après la réunion, je demandais aux autres ce que signifiait ce retournement de position. La réponse ? «Il faut dire ce que le responsable attend, ne pas se faire remarquer...» Quelques expériences de ce type m'ont amené à être à la fois plus prudent et à moins chercher à résoudre des problèmes qui ne me toucheraient de toute façon que pendant une période limitée. Finalement, si les gens veulent rester dans leurs problèmes et n'ont pas le courage d'affronter leurs angoisses, c'est leur choix ! A eux d'en assumer les conséquences ! Je dus malheureusement constater le même comportement même face à des problèmes graves, comme la manipulation de produits très toxiques sans les mesures de protection adéquates. Surprise, surprise ! Ce comportement fut surtout celui des populations de souche contrairement aux travailleurs étrangers plus revendicatifs... Personnellement, face à ce type de problème de travail avec des produits toxiques, dès la constatation du blocage de la situation, les autres travailleurs ne voulant pas réagir, je «démissionnais» dans les jours qui suivaient.

Il faut néanmoins dire que j'ai eu de temps à autre à constater l'existence de situations malheureuses. Par exemple, après avoir signalé à un travailleur (de souche locale) l'extrême danger des produits qu'il manipulait sans les moyens de protection adéquats, celui-ci m'a répondu: « De toute façon, ma femme m'envoie travailler, si je ne rapporte plus de fric, elle me vire. Je me retrouve sans enfants et à payer une pension à ma femme si je finis par trouver un autre travail. Je risque de mourir à cause du travail actuel ? Tant mieux, comme cela je serai tranquille ...» Triste, vraiment triste ! Une vie loin de l'image qu'en donne la société...

Lors des périodes de travail en usine, je fus régulièrement abordé par des ouvriers qui me demandaient de lutter à leur place, parce que je n'étais pas marié. Ils m'expliquaient qu'en participant à une lutte sociale, ils risquaient de perdre leur job. Pour faire pression sur eux, l'entreprise envoyait un courrier à leur domicile avec cette menace ce qui ne manquait pas de déclencher un sérieux conflit avec leur épouse. Lorsque je leur demandais si cela n'était pas plutôt le rôle des syndicats, ils me répondaient que les représentants des syndicats étaient en général choisis directement ou indirectement par la direction ou que celle-ci leur promettait une meilleure carrière s'ils collaboraient. Cela sans compter une probable connivence entre la direction des organisations syndicales et les organisations patronales ou les partis politiques.
     J'ai finalement opté pour une certaine neutralité. On peut participer à une lutte aux côtés d'autres personnes mais pas lutter à la place d'adultes qui ne veulent pas faire face à leurs problèmes, ni remettre leur mode de vie en question. Que cela génère des troubles à l'intérieur des familles n'est pas un argument valable pour demander à d'autres de lutter pour résoudre ses propres problèmes. On peut seulement lutter à la place d'enfants, d'invalides, de malades, incapables de le faire eux-mêmes.

Les financiers ont souvent remplacé les ingénieurs à la tête des entreprises. Les émotions, c'est-à-dire le plus souvent une forme d'expression des angoisses qui résultent des structures psychologiques, dominent largement la vie sociale, économique, politique. Il n'y a pas de projet collectif, d'objectif commun, plus beaucoup de liens avec le monde réel. Le lien entre consommation et production a disparu du champ de la conscience pour la majorité de la population qui croit que la richesse réelle c'est l'argent et non les biens et services. Les gens réfléchissent de moins en moins en substituant le "ressenti" à la pensée. C'est d'ailleurs ce que recherchent les classes dominantes : que les populations agissent suivant ce qu'elles ressentent plutôt que suivant une réflexion approfondie sur la situation. C'est dans ce sens qu'il faut par exemple comprendre l'interdiction de la fessée dans l'éducation des enfants. Il s'agit d'une politique consciente qui vise à privilégier le ressenti (qui résulte du "formatage éducatif") pour neutraliser toute remise en question du système et surtout des classes dominantes. Rien de tel pour couper les liens avec les contraintes matérielles que de laisser les gens faire ce qu'ils ont envie, suivant ce qu'ils ressentent. C'est une façon vicieuse de diviser pour régner. Les gens qui cherchent surtout à se faire plaisir ne s'unissent pas dans une organisation pour lutter pour changer le système...

Les mots et les images sont devenus un moyen permettant de manipuler les angoisses par les médias. En général, les gens réagissent sur base de motivations inconscientes liées à leur éducation et non sur base d'une quelconque analyse du monde qui les entoure. Ils refoulent toute information qui pourrait susciter de l'angoisse. Le "politiquement correct" a remplacé la recherche de la vérité.. Les mots n'ont plus beaucoup de lien avec la réalité. Ils sont devenus un moyen destiné à présenter une façade face aux autres, un moyen destiné à se faire reconnaître.
     Par exemple, j'ai constaté que de nombreuses personnes qui n'arrêtaient pas de parler des droits de l'homme, de démocratie, de liberté, des droits des populations et des travailleurs et souvent se disaient "de gauche" n'ont pas hésité à soutenir l'attaque contre la Libye de Gaddafi en qualifiant celui-ci de dictateur, attaque dont le résultat a été de plus de 100.000 morts et plus de 1 million de réfugiés sur une population de moins de 6 millions d'habitants ainsi que la destruction des infrastructures, particulièrement l'approvisionnement en eau, pourtant vitale pour le pays. J'ai vite découvert que ces personnes ne savaient absolument rien du type d'organisation économique ou sociale de la Libye, du niveau de vie dans ce pays (le plus haut d'Afrique et plus élevé que dans la plupart des pays européens) et souvent ne savaient même pas où il se trouvait exactement avant qu'on leur pose la question. Non seulement ces personnes n'avaient aucune idée des vrais objectifs géopolitiques des attaquants mais en fait cette question ne les intéressait absolument pas ! Pour "être reconnu au sein du groupe", il fallait qualifier Gaddafi de dictateur, c'est ce qu'elles ont fait. Jusque où ce type de comportement peut-il aller ??? … Aujourd'hui en plus de la destruction de la Libye, des bandes de fanatiques wahabites continuent de piller le pays, tuant et massacrant ce qui reste de la population. Quel désastre !!

Privé d'une existence propre par leur éducation, leur travail, les gens cherchent alors à exister par leur appartenance à un groupe sans se poser la question des objectifs de ce groupe, ni des manipulations dont celui-ci fait l'objet de la part des classes dominantes. Parmi ceux qui disposent encore de revenus plus élevés, certains tentent d'exister par les biens qu'ils achètent, surtout lorsqu'il s'agit de biens présentés comme indiquant l'appartenance à un statut social plus élevé. J'achète donc j'existe! "Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir..." s'applique exactement à la situation actuelle. En même temps, seule une situation minimale de confort permet aux gens de ne pas affronter leurs angoisses ni remettre en question le monde qui les entoure, ce choix pouvant être conforté par l'alcool, des antidépresseurs, ... Les problèmes des autres ne les intéressent pas, encore moins ceux des pays colonisés, exploités ou détruits par les armées occidentales J'ai découvert que dans les foules, il y avait deux types principaux d'individus. Ceux qui estiment être supérieurs aux autres et trouvent normal de s'imposer et ceux qui cherchent à être reconnus, «acceptés». Ces deux groupes réagissent sur base de leurs émotions, et de motivations complexes dont l'origine provient d'une éducation type deuxième monde (voir chapitre 9). Les individus encore tournés vers le monde matériel (de la matière, de la nature, type "premier monde" , voir chapitre 9) qui réfléchissent avant d'agir et se posent des questions sur le monde dans lequel ils vivent ne sont plus qu'une très petite minorité, sans poids réel dans la société. En dépit du discours officiel, l'Europe a construit une société de consommation formatée par les médias, une société avec une mentalité d'assisté et non une société de la production, des technologies ou de l'innovation et de la connaissance, encore moins une société dans laquelle les gens voudraient prendre en main leur destinée.

Le nombre d'actifs se réduit alors que le nombre de pensionnés, de chômeurs et d'invalides ne cesse d'augmenter. En outre, la majorité des actifs ne travaillent pas dans l'économie réelle pour produire un bien ou un service. Les quelques producteurs qui existent encore font face à d'énormes difficultés pour survivre, y compris les agriculteurs censés produire les aliments que nous consommons, ce qui va jusqu'à conduire certains d'entre eux au suicide. Les plus grandes entreprises investissent dans le secteur financier, délocalisent leur production hors des principaux pays européens et fondent leur croissance sur l'absorption de leurs concurrents. La désindustrialisation de l'Europe est en marche et est même très avancée. Les nouvelles générations ont de moins en moins de connaissances et surtout d'expérience (autres que financières ou marketing) liées à la production industrielle ou agricole.

CIESINT   Publié le 2017-06-22   Nombre de lectures 12063

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